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Comment guider les gens vers le sommet ? Entretien avec Thierry Marx

Dans cet entretien exclusif avec le chef étoilé Thierry Marx, nous abordons comment atteindre l’excellence et aider les gens à se développer. 

Q : Dans le monde de la cuisine, les chefs ont eu eux aussi des maîtres, ils se sont formés avec d’autres. Quand je parle de chemin vers le sommet, j’aime l’idée que l’on essaye d’être le chef de cordée qui va aider les autres à continuer, à avancer. La question que certaines personnes se posent à ce moment là, c’est de savoir si l’on ne risque pas d’en faire trop quand on essaye d’atteindre l’excellence ?

R : Non, non, il faut travailler sur son humilité, c’est important. Effectivement, le chef de cordée a pour mission de guider les gens au sommet et de temps en temps, il peut aller aider les plus fragiles, les plus faibles, c’est-à-dire redescendre pour les porter eux vers le sommet. La notion de groupe, de lien social qu’il faut construire dans l’entreprise, est très importante. 

De nos jours, une entreprise sera sociale ou ne sera pas. L’idée d’excellence ne vaut que si elle est partagée et cette excellence commence par le « bonjour » du matin. 

En effet, l’excellence est un comportement du quotidien. L’exemple est la seule preuve d’autorité. Quand le leader montre son exemplarité, il va créer autour de lui un écosystème qui va être favorable. S’il se croit arrivé au sommet et qu’il guide les autres de là-haut, ça ne fonctionne pas. L’excellence ne vaut que si elle est partagée. C’est une monnaie d’échange dans le monde de l’entreprise qui me paraît toujours très intéressante. Nous rémunérons nos collaborateurs pour leurs compétences. Mais l’excellence est au-dessus de cela, vous êtes rémunéré pour une compétence mais en même temps, l’entreprise qui bénéficie de votre compétence doit vous aider à vous épanouir également. C’est une relation de confiance qui s’installe.

Q : Une bonne partie des entrepreneurs qui regardent mes vidéos ont une équipe composée de une à dix personnes et souvent ils se posent la question de comment faire concrètement pour aider les gens à se développer. Peux-tu donner un exemple ?

R : Pour moi, le cheminement important c’est la formation des collaborateurs, c’est-à-dire tout faire pour qu’ils soient bien formés et me challengent aussi moi. Je veux des personnes qui aient les mêmes idées, les mêmes convictions, les mêmes ambitions que moi. Voire l’ambition de prendre ma place, ce qui m’oblige moi aussi à rester dans l’excellence. Il ne faut pas avoir peur d’être challengé par son collaborateur proche. 

Souvent les gens me disent que je défends trop la formation et ils s’en vont. Imaginez que je ne les forme pas mais qu’ils restent. Il faut entretenir cette idée de transmission, que les gens restent ou nous quittent. Ce qui compte c’est qu’ils soient de bons ambassadeurs pour l’entreprise. Je crois beaucoup pour ce XXIème siècle qu’il faut remettre l’Homme dans le centre du débat.

Q : Dans ce que j’ai pu lire et découvrir sur tous tes projets, je trouve intéressant le côté de former des personnes pour donner une chance à ceux qui ont la passion, qui sont engagés dans cette démarche. Quand j’explique aux gens comment devenir le numéro un, souvent leur réaction est de me demander si cela implique d’empêcher les autres de grandir. En fait, ce que tu dis est exactement l’inverse.

R : Complètement. Etre numéro un n’est pas un grade acquis à vie. Nous sommes challengés donc nous devons nous préparer à redevenir numéro deux, voire numéro trois ou quatre. Cela nous pousse à sortir de la zone de confort. 

De plus, être numéro un se mérite, ce n’est pas quelque chose qui s’obtient comme un graal suprême. Je crois qu’aujourd’hui, le turn over est beaucoup plus rapide qu’autrefois. Le numéro un est obligé de rester dans l’exemplarité de la formation et d’aller chercher encore de la curiosité ailleurs pour continuer à évoluer. Ce qui me terrifie dans le management c’est quand un très bon manager dans un service ne parvient pas à sortir pour laisser les autres grandir. J’appelle cela un éléphant dans la pièce. Quand il est là, tous les autres sont rassurés mais restent à 50 % puisqu’ils l’écoutent. Je préfère que le super manager passe à autre chose dans un autre secteur d’activités et que les autres puissent grandir en profitant de ce qu’il leur a apporté. 

Donc, le numéro un ne l’est pas à vie, ce n’est pas un élu Divin. Même l’héritier d’une grande fortune peut la dilapider très vite. Il faut toujours garder l’envie de se remettre en question en permanence. 

La posture de l’engagement est la posture du combattant pacifiste. Ce combattant est un esprit disponible qui anticipe. Si vous vous laissez aller, si vous ne restez plus dans l’exemplarité, vous ne resterez plus longtemps le numéro un. Il faut rester proche de ses équipes, de ses hommes et leur donner envie de continuer à se battre pour vous. L’exemple est donc la seule preuve de l’autorité du numéro un et il doit toujours être plus exemplaire que les autres.

Q : J’ai deux questions à poser pour clôturer cette interview. La première concerne le thème de la liberté. Selon toi, qu’est-ce que être libre ?

R : Etre libre c’est avoir la capacité de se construire suffisamment en tant qu’individu pour pouvoir rester libre de ses choix. Choix de rester dans une entreprise ou de la quitter. 

La liberté est cette capacité à avoir assez de moyens physiques et intellectuels pour s’engager à faire autre chose. Dans nos centres de formation en cuisine et en boulangerie, c’est la première chose que je m’efforce de dire aux jeunes stagiaires : Je suis là pour construire avec vous des hommes libres de travailler avec nous ou de travailler ailleurs. La liberté de se mouvoir sur cette planète est pour moi essentielle. Il faut aider les personnes en difficulté à s’instruire pour devenir des Hommes libres et pas des Hommes qui risquent d’être asservis par des gens qui voudraient les enfermer dans un seul modèle.

Q : Dans le livre idéal qui apprend à quelqu’un comment se lancer à fond dans son projet et réussir, qu’est-ce que je ne devrais absolument pas oublier d’aborder ?

R : La rigueur, l’engagement et la régularité. Il ne faut pas chercher à inventer des choses trop compliquées. L’Humain est assez solide mais aussi assez fragile donc je pense qu’il faut construire des choses sages mais avec beaucoup de rigueur. 

L’engagement est une posture du corps et de l’esprit. Il est inutile de chercher à courir le 100m à la vitesse d’un médaillé olympique mais de se développer pas par pas, sans jamais reculer. Et, si vous deviez reculer, considérez que c’est une stratégie. Reculer n’est pas fuir. Avancez droit et calmement. Si votre passion vous anime, que votre positivité anime votre passion et que vous regardez où vous pouvez entrevoir votre projet, vous allez le toucher. Si vous commencez à reculer, à faire des pas de côté, à vous chercher des excuses, ce sera compliqué. Tout commence par une petite hygiène de vie de départ, pouvoir mesurer ce que nous sommes capables de couper dans notre environnement pour continuer à avancer. La rigueur est nécessaire pour grandir. Ceux qui disent le contraire ne vous racontent pas la vérité. Tous les grands créatifs que j’ai rencontrés et qui semblaient être funs et détendus ont tous appris à respecter les codes avant de les casser. Avant de casser les règles, il faut les appliquer. Vous devez donner du sens et ne pas laisser trop de place au hasard. Si ça ne fonctionne pas, vous ne devrez pas chercher des responsables parmi les collaborateurs ou dans des excuses. La responsabilité est dans le miroir.Pour aller plus loin, lire également : Comment atteindre l’excellence ? Interview de Thierry Marx

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